Pourquoi votre cabinet s’est-il intéressé aux legaltechs ?
 

David Du Pont : Depuis une dizaine d’années, nous constatons que nos clients exigent plus pour un prix de plus en plus réduit. En tant que cabinet d’avocats, nous considérons qu’un tel défi crée aussi des opportunités. Le futur est déjà là : il ne faut pas l’éviter, mais l’accueillir à bras ouverts ! Dans ce cadre, nous avons développé Ashurst Advance, un programme qui combine plusieurs applications en legaltech, gestion de projets et optimisation de nos équipes. Il permet de faire face à ces exigences accrues, notamment en termes de rapidité. Nos équipes ne comptent plus seulement des avocats, mais aussi des spécialistes IT pour la gestion des dossiers et des aspects spécifiquement en lien avec les legaltechs.

 

De quoi les logiciels sont-ils déjà capables ?
 

D. D. P. : On parle par exemple de « document automation » : certains contrats sont standardisés et le client ne doit plus répondre qu’à certaines questions spécifiques. En fonction des réponses, le logiciel génère automatiquement le contrat qui répond à ses exigences. Un autre exemple vise les fonds actifs qui opèrent des transactions en actions dans différentes juridictions. Pour ces fonds, il est parfois difficile de savoir quand ils doivent notifier ou non certaines transactions, par exemple eu égard aux pourcentages qu’ils acquièrent ou vendent. Sur la base d’un questionnaire, un logiciel peut leur indiquer facilement si, oui ou non, ils doivent le faire et générer ensuite les documents requis.

 

En quoi sont-ils utiles lors d’une opération de fusion et acquisition ?
 

« Le futur est déjà là : il ne faut pas l’éviter, mais l’accueillir à bras ouverts ! »

D. D. P. : Lors d’une opération de fusion ou acquisition, il y a une phase de vérification juridique, la « due diligence » ; elle peut prendre pas mal de temps. En analysant une dizaine de contrats d’une société, le logiciel peut être paramétré par notre équipe Ashurst Advance pour en vérifier automatiquement des milliers par la suite. Il produit ensuite un rapport qui sera encore vérifié par des avocats. Au final, ce travail énorme est réalisé sur une période de temps très limitée.

 

Un autre exemple ?
 

D. D. P. : Sur le marché des actions, les acheteurs sont majoritairement des fonds d’investissement. Dans le cadre de leur propre financement, il y a toute une structure à mettre en place et des documents à produire. Certains doivent être négociés en détail et pour ceux-là, l’avocat a encore une valeur ajoutée à apporter. Mais certains documents peuvent être standardisés. Si on dispose d’un logiciel capable de les produire sans avoir à intégrer chaque fois les mêmes données dans tous les documents, éventuellement avec des traductions déjà préparées, cela permet d’accélérer tous les processus.

 

Les juristes saisissent-ils suffisamment les opportunités liées aux legaltechs ?
 

D. D. P. : En règle générale, les avocats et les juristes se montrent assez lents pour accepter les développements du monde IT. Beaucoup pensent pouvoir encore attendre avant d’implémenter ces solutions. Pourtant, sous peu, tout le monde devra les adopter pour rester compétitif.