En quoi la technologie est-elle un moteur d’innovation important pour les avocats ?
 

Carine Lecomte : Le secteur juridique se numérise totalement. Au quotidien, les individus s’approprient de plus en plus les bénéfices des évolutions technologiques. La technologie devient une « commodité ». Pour rester pertinents, les avocats doivent suivre le mouvement. Ceux qui ne s’adapteront pas seront directement menacés. C’est particulièrement vrai pour les petits cabinets et les avocats travaillant seuls. À de nombreux égards, il y a une nécessité absolue d’évoluer vers une gestion plus professionnelle et innovante de leur business : gestion financière, nouveaux pricing models, communication transparente et réactivité rapide vis-à-vis des clients, investissements en marketing et business development, etc.

 

Quels outils proposez-vous ?
 

C. L. : En premier lieu, la base de données Jura permet aux juristes d’effectuer leurs recherches pour étudier une question de droit, établir les conclusions d’un rapport, etc. Cet outil est d’une grande utilité non seulement pour les avocats, mais aussi pour les magistrats, les juristes d’entreprises, les huissiers, les notaires et même les étudiants en droit. En deuxième lieu, Legal Insights est un outil d’intelligence artificielle focalisé sur la jurisprudence. Il permet par exemple d’estimer très rapidement les chances de succès d’une affaire ou d’établir une stratégie juridique fondée sur les arguments les plus pertinents par rapport à un dossier spécifique. Dès sa conception, nous y avons associé des avocats praticiens et des experts pour garantir l’efficacité de son contenu et de ses fonctionnalités. En troisième lieu, les cabinets d’avocats disposent d’un logiciel de gestion administrative pour leurs dossiers clients, leur courrier, leur facturation ; il permet aussi de calculer la rentabilité des dossiers et du cabinet. Ces solutions sont financièrement abordables, même pour les petits cabinets, dans la mesure où un avocat augmente ainsi sa productivité et le nombre de dossiers traités.

 

À quelle masse d’informations les avocats sont-ils confrontés ?
 

C. L. : En matière d’expertise juridique, l’hypertrophie réglementaire, la masse d’informations jurisprudentielles et la complexité du droit en général constituent de véritables défis. Tout ceci impose aux avocats de disposer d’outils qui les aident à apporter des réponses rapides à leurs clients, et aux magistrats de pouvoir recourir aux mêmes « armes ». On estime qu’en moyenne, le volume de nouvelles législations augmente de 15 % par an, avec des pics en début de nouvelles législatures.

 

La machine ne remplacera toutefois jamais l’expertise humaine…
 

C. L. : Effectivement ! Le travail juridique est trop complexe et trop subtil pour pouvoir être entièrement automatisé. Il nécessitera toujours des professionnels avisés et créatifs capables d’interpréter le droit et d’établir des déductions et des stratégies juridiques. L’intelligence artificielle doit surtout être considérée comme une intelligence augmentée au service de l’avocat et du magistrat.