Quelles sont les tendances en matière de fusions et acquisitions ?
 

Benjamin Haberkorn : Tout porte à croire qu’en Belgique, le volume des opérations continuera à croître. L’économie globalisée conduit nécessairement à une hausse du nombre d’acquisitions par des industriels poursuivant un modèle « buy and build ». Il y a aussi beaucoup de liquidités disponibles et le nombre d’acquéreurs ou investisseurs financiers présents sur le marché belge — private equity, venture capital, etc. — ne cesse d’augmenter. Enfin, le financement bancaire, essentiel pour son effet de levier, reste toujours très accessible et bon marché.

 

Quel sera l’impact des réformes législatives ?
 

B. H. : La loi de réforme de l’impôt des sociétés comporte des mesures favorables à l’investissement, en particulier l’exonération de 100 % des dividendes, l’instauration d’une consolidation fiscale et la baisse progressive des taux d’imposition. Aussi, la réforme annoncée du code des sociétés impactera fortement la façon dont les opérations seront structurées. Elle entraînera davantage de flexibilité et de solutions sur mesure, avec notamment l’autorisation d’un droit de vote plural, la validation des portages d’action, la réglementation libre des cessions de titres et l’assouplissement des règles de distribution et d’assistance financière.

 

Comment le marché s’orientera-t-il dès lors ?
 

B. H. : On remarque déjà que dans tous les segments, la demande est supérieure à l’offre, à tout le moins pour les sociétés saines et rentables. Les prix ont tendance à augmenter à travers une augmentation des multiples de valorisation (valeur d’entreprise/EBITDA). Le marché est donc favorable aux vendeurs. Cela se traduit aussi par des mécanismes contractuels qui leur sont plus favorables, comme l’abaissement des plafonds de responsabilité et de fonds bloqués pour les vendeurs en vertu d’accords d’« escrow » ou de « vendor loan ». La standardisation, en référence aux pratiques du marché, est de plus en plus utilisée, mais sans que vendeurs ou acheteurs puissent en tirer un argument d’autorité. La négociation au cas par cas occupera toujours une place fondamentale. La qualité de la négociation, qui doit être préparée le plus en amont possible par une équipe de conseils financiers et juridiques spécialisés, restera un facteur déterminant dans la réussite d’une opération.