Marijke Bruyninckx

Directeur de Prévention et Intérim

 

 

Marijke Bruyninckx, Directeur de Prévention et Intérim, relève que leur sécurité et leur bien-être au travail ne sont pas toujours optimaux.

 

Comment les agences d’intérim agissent-elles en matière de sécurité et de bien-être ?

Marijke Bruyninckx : « Tout d’abord, elles sont reconnues légalement afin de mettre des travailleurs intérimaires à la disposition des employeurs. Ensuite, chaque mise au travail se fait selon une procédure très stricte visant, tout comme pour les travailleurs permanents, à les protéger contre des abus éventuels d’employeurs véreux ou contre des situations potentiellement dangereuses dans leur travail. »

 

Trop d’employeurs sous-estiment encore l’importance
de l’analyse des risques d’un poste de travail.

 

Dans ce cadre-là, quelle est votre mission ?

M. B. : « Depuis notre création il y a 20 ans, elle est de lutter contre les accidents de travail et les maladies professionnelles des intérimaires. Nous agissons via deux volets : d’une part, la sensibilisation des employeurs et des intérimaires ; d’autre part, l’appui aux agences d’intérim. »

 

Avec quel effet ?

M. B. : « Depuis lors, les conditions de travail des intérimaires se sont considérablement améliorées. Le signal le plus fort est la baisse de plus de 60 % du nombre d’accidents de travail en 20 ans. Toutefois, le secteur de l’intérim fait encore face, chaque année, à des accidents graves et mortels. C’est pourquoi, fin 2016, nous avons lancé une campagne visant à écarter les employeurs qui représentent un danger potentiel important pour les intérimaires. La législation sur le bien-être au travail est d’ailleurs très claire à ce sujet : elle exige un engagement ferme de la part des agences d’intérim à enquêter à propos des antécédents des employeurs désireux d’engager des travailleurs intérimaires. La loi protège aussi ces derniers contre les maladies professionnelles dans le cadre de l’exécution de leur travail. »

 

À quels types de risques les intérimaires sont-ils couramment exposés ?

M. B. : « Comme les autres travailleurs, ils font face à de nombreux problèmes potentiels. En voici quelques exemples. Dans le secteur de la pétrochimie, ils sont en contact avec des agents chimiques tels que le mercure, le benzène et des vapeurs nocives. Dans les soins de santé, les infirmières travaillent dans un environnement avec des rayons X ou des infections telles que l’hépatite. Dans l’agriculture, les intérimaires doivent tenir compte du tétanos, de la maladie de Lyme, etc. Dans les usines, conduire un chariot de manutention où des poids importants sont soulevés représente par exemple un risque potentiel. Toutes ces fonctions requièrent la plus grande vigilance et la meilleure protection possible. »

 

Comment cela se traduit-il ?

M. B. : « Le législateur exige expressément que l’employeur fournisse à l’agence d’intérim les informations nécessaires quant au poste de travail. Depuis 1997, il existe une fiche par poste de travail, sur laquelle l’employeur indique tous les risques associés au poste ainsi que les mesures de protection à prendre. Ceci constitue le premier pas vers une sécurité optimale de l’intérimaire. Toutefois, force est de constater qu’après 20 ans, beaucoup de fiches de poste de travail s’avèrent incomplètes. Trop d’employeurs sous-estiment encore l’importance de l’analyse des risques d’un poste de travail. Le manque de connaissance sur ces risques est encore plus criant dans les PME. Les entreprises auraient tout à gagner à renforcer leur coopération avec des services externes de prévention. Les agences d’intérim ont également leur part de responsabilité : elles doivent aussi s’assurer que l’intérimaire travaille dans de bonnes conditions. »

 

De quels outils disposez-vous pour faciliter ces conditions de travail ?

M. B. : « Le législateur a chargé notre institution de créer une base de données centralisée. Celle-ci enregistre tous les résultats relatifs à la santé des travailleurs intérimaires. Elle permet d’éviter des répétitions inutiles d’examens médicaux pour des postes de travail similaires possédant les mêmes risques pour la santé. En pratique, après la sélection d’un intérimaire pour un poste, la base de données vérifie s’il est apte médicalement. Dans l’affirmative, il peut commencer à travailler immédiatement chez l’employeur. Pour le secteur intérimaire, cela représente un gain de temps et de coûts très significatif. »

 

Cette base de données présente-t-elle d’autres avantages ?

M. B. : « Oui, elle fait ressortir notamment quelques tendances. Ainsi, le type de risque le plus fréquent est lié à la manutention des charges (17,51 %), suivi par le bruit (9,76 %) et le travail à un poste de sécurité (9,06 %). Le travail posté, le tétanos et le travail de nuit suivent avec 6 %. Ces tendances permettent d’envisager des solutions pour diminuer les risques : la formation aux techniques de manipulation des charges, l’achat de matériel ergonomique, la réévaluation de l’efficacité des tâches… plutôt que, tout simplement, le fait de se tourner vers un médecin du travail ! »