Quels sont les principaux défis des entrepreneurs belges actuellement ?

Pierre-Philippe Grignard : « Le défi principal, au-delà du projet d’entreprendre, est de pouvoir amener une compétence précise et solide sur le marché. Ensuite, la mise en place opérationnelle constitue un challenge de taille : il faut réaliser le business plan, penser aux aspects financiers (frais, investissements…). Une entreprise qui se lance peut faire appel à ses fonds propres, aux banques, aux formes alternatives de financement comme le crowdfunding, aux réseaux des Business Angels ou encore aux subsides, souvent oubliés. Une multitude de paramètres sont à prendre en compte, mais il existe heureusement des aides pour encadrer les entrepreneurs dans ces étapes-là. »

 

Bruxelles est-elle une ville adaptée au lancement d’une société ? Quels en sont les atouts ?

P-P G. : « Bruxelles possède un potentiel énorme. Sa proximité avec les Institutions européennes, sa situation géographique à la croisée des chemins, sa petite taille et son dynamisme constituent des atouts précieux pour les entreprises. 

Les Belges sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à se lancer : en 2015, près de 90 000 Belges ont ainsi lancé leur propre activité. Ce chiffre n’avait encore jamais été atteint au cours des dix dernières années. »

 

L’indépendant est libre : il choisit ses horaires,
gère son travail comme il veut, est son propre patron.
Il est davantage maître de son parcours professionnel,
a plus de marge de manœuvre qu’un salarié.

 

Quels sont les défis de notre capitale en matière d’entrepreneuriat ?

P-P G. : « Il y a encore du chemin à faire en matière de mobilité : les nombreux chantiers bruxellois rendent la circulation compliquée pour les travailleurs. La culture d’entreprise doit également y être renforcée. Le Belge a encore une vision un peu ancienne du statut d’indépendant, qu’il perçoit comme risqué. Or, d’importants progrès ont été réalisés en matière de sécurité sociale des travailleurs indépendants, là où le statut de salarié n’est plus aussi sûr qu’il l’était.

Il faut faire tomber les préjugés, créer un contexte propice à l’entrepreneuriat et davantage insister sur le “droit à l’erreur”. Aux États-Unis, par exemple, où l’esprit d’entreprise est plus développé, l’idée de faire faillite est moins stigmatisée que chez nous. »

 

Dans quel secteur faut-il se lancer ?

P-P G. : « Beaucoup de secteurs sont propices à l’entrepreneuriat. Les plus à la mode concernent les nouvelles technologies, les applications smartphones, etc. Ce n’est plus un secret, le digital a connu une véritable révolution et sa place dans l’entreprise est devenue indispensable. Toutefois, le défi reste important : même si l’on naît avec un smartphone à la main, créer une app adaptée au grand public est un autre challenge. Il faut mettre en place un accompagnement pour les entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans ce projet. »

 

Quels sont les principaux défis des entreprises en matière de recrutement ?

P-P G. : « Un paradoxe important entoure la question du recrutement : d’une part, la quantité importante de demandeurs d’emplois et d’autre part, la difficulté qu’ont les entreprises à recruter. Pour résoudre ce problème, le réseau est indispensable et le bouche-à-oreille reste un moyen utile de recruter ou de trouver un emploi. La dernière réforme en matière d’aide à l’emploi facilite également la tâche des entreprises et encourage le recrutement. Enfin, des organismes publics tels que le Forem jouent un rôle important dans la rencontre entre candidats et professionnels. »

 

Comment nos PME peuvent-elles faire face à la montée de l’e-commerce ?

P-P G. : « Face à la montée de l’e-commerce, le retailer doit se distinguer en proposant un service personnalisé. La qualité du produit, la proximité : il doit mettre ses atouts en valeur. Pour ce faire, l’e-commerce peut s’avérer un allié utile pour le retailer, l’aidant à se distinguer des autres acteurs du marché, et ce, au-delà de la vente en magasin.

En outre, l’online est devenu un passage obligé pour les commerçants ou restaurateurs et leur présence en ligne est indispensable pour le consommateur d’aujourd’hui. Il manque malheureusement cruellement de formation aux nouvelles technologies dans notre enseignement. On n’enseigne le digital qu’à ceux qui s’y destinent, or tous les secteurs en ont besoin ! »

 

Quels sont les avantages de la vie d’indépendant ?

P-P G. : « L’indépendant est libre : il choisit ses horaires, gère son travail comme il veut, est son propre patron. Il est davantage maître de son parcours professionnel, a plus de marge de manœuvre qu’un salarié. Cette liberté est précieuse et souvent regrettée par les personnes qui n’ont jamais été indépendantes. »

 

Quelles sont les 3 qualités indispensables au travailleur indépendant ?

P-P G. : « Le travailleur indépendant est passionné : il a envie de réaliser un projet et c’est cet objectif qui le motive. Il ne compte pas ses heures. L’organisation et la discipline constituent un autre aspect indispensable. La liberté implique la responsabilité : l’indépendant est responsable de son propre sort et pour s’en sortir, il doit gérer au mieux son travail, respecter son planning. Enfin, la résistance au stress est importante : le statut d’indépendant peut être instable, un mois ne ressemble pas à un autre mois et il faut pouvoir gérer ces incertitudes. »