Quelle est la mission de Digital Belgium ?

Bruno Colmant - Il s’agit d’une association de douze professionnels réunis sous la direction d’Alexander De Croo : patrons des télécoms, professeurs d’université, des personnes ayant des connaissances transversales, etc. Lancée il y a un près d’un an, ce think tank est un cénacle de discussion et de rencontre qui alimente le ministre avec des idées et des perspectives. Chacun y contribue selon sa propre discipline. Son objectif est de réfléchir à différents aspects de la digitalisation. Cinq priorités ont été définies : les investissements dans les infrastructures numériques ; la confiance dans le numérique et la sécurité numérique ; les compétences et les emplois numériques ; l’économie numérique ; la digitalisation des services de l’État, comme la Santé.

En tant qu’économiste, quelle est jusqu’à présent votre contribution personnelle ?

B. C. - J’ai par exemple fait une étude qui démontre que depuis plusieurs années, 95 % du taux de croissance de l’économie belge est lié de près ou de loin à l’informatique et aux technologies de l’information. Plus globalement, ma priorité, en tant qu’économiste, est de mettre en évidence qu’en raison du numérique, nous sommes aujourd’hui dans une phase de rupture complète de l’économie. Il s’agit toutefois d’une rupture relativement diffuse, dans la mesure où la digitalisation n’est pas un élément bien identifiable : on la voit un peu partout.

Avec quelle conséquence ?

B. C. - Ce choc du digital, qui s’assimile d’une certaine façon à ce qui se passe lors d’une déflation, provoque une automatisation de bon nombre de processus et une baisse de la productivité « humaine » tout en augmentant la productivité globale. Ce ne sont pas seulement les tâches manuelles qui vont être remplacées, mais aussi des tâches purement intellectuelles grâce à l’intelligence artificielle. Pour l’économiste, ceci pose la question, d’une part, de la qualité et de la quantité des emplois qui seront disponibles et, d’autre part, de la répartition du travail et des revenus du travail. Ceci constitue une véritable interpellation sociétale.