En matière de capital à risque, qui investit aujourd’hui dans nos entreprises ?

Michel Vermaerke : « Les acteurs qui investissent sont nombreux : le Private Equity - ou capital-investissement - où l’investisseur consacre par exemple une partie de ses capitaux propres au développement ou au rachat d’une société ; les Venture Capitalist - ou capital risque -, qui sont une branche du Private Equity et qui consistent à prendre des participations - généralement minoritaires - dans des sociétés non cotées n’ayant pas encore trouvé leur point d’équilibre ; les Business Angel, où un particulier investit dans une entreprise innovante et, en plus, met ses compétences à disposition de l’entrepreneur ; la Bourse, bien évidemment ; les plateformes de financement participatif ; les investisseurs étrangers ; etc. En réalité, le type d’investisseur varie fortement, non seulement d’un secteur d’activité à l’autre, mais aussi selon qu’il s’agit de la création d’une entreprise ou du refinancement de celle-ci via une injection de capital à risque. »

Comment une entreprise peut-elle savoir si un outil financier est plus adéquat qu’un autre ?

M. V. : « Elle doit avoir réfléchi au bon mix entre capital à risque et fonds de tiers. Pour y parvenir, avant toute chose, elle doit commencer par avoir une bonne vision de son plan financier stratégique, de son modèle d’entreprise, de son avenir. Cela dépasse la problématique du financement. Il faut notamment jauger le paysage concurrentiel dans lequel on est en train d’évoluer. Tout cela semble une évidence, mais quand les banquiers posent certaines questions aux entreprises, cela ne l’est pas toujours. Il n’y a d’ailleurs pas que les banquiers auxquels on peut s’adresser ; il y a aussi d’autres parties comme les comptables ou les commissaires-réviseurs. L’entrepreneur doit être bien préparé aux entretiens qu’il aura avec tous les acteurs qu’il sollicitera pour trouver les meilleurs moyens de financement. Il doit avoir une bonne idée de ses besoins, de ses projets, de leur rentabilité, des investissements nécessaires, de l’évolution du marché, des opportunités et des menaces, des fournisseurs auxquels s’adresser et de la solvabilité de ses clients. Même s’il s’entoure correctement, l’entrepreneur reste néanmoins toujours le mieux placé pour répondre à toutes ces questions. »

Le financement varie aussi fortement d’un type d’entreprise à l’autre…

M. V. : « Il existe effectivement énormément de types d’entreprises dans notre pays, compte tenu de leur taille, de leur complexité, de leur métier, de leur secteur, de leur cycle de vie, du fait qu’elles sont en phase de démarrage ou de croissance, etc. Les modèles d’entreprise et les sources de financement sont donc eux aussi très variables, à tel point qu’il n’existe pas de réponse absolue. Certaines entreprises ne font cependant jamais appel à une autre source de financement que leurs fonds propres. D’après une étude de nos collègues suisses, un tiers des petites entreprises s’autofinancent entièrement. »

Des plateformes de financement participatif ? C’est une tendance qui se confirme. En soi, c’est positif. Cela indique que les entreprises ont réfléchi à propos de leur modèle d’entreprise et de leurs sources de financement

Que pensez-vous des plateformes de financement participatif ?

M. V. : « C’est une tendance qui se confirme. En soi, c’est positif. Cela indique que les entreprises ont réfléchi à propos de leur modèle d’entreprise et de leurs sources de financement. De plus en plus, on voit des financements participatifs tels que le crowdfunding. En Belgique, les montants impliqués dans le crowdfunding restent cependant très modestes par rapport aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni. Mais le caractère participatif signifie que des gens sont prêts à s’impliquer dans le destin d’une entreprise, à partager la vision et le rêve d’un entrepreneur, à assumer le risque financier via un prêt subordonné. Un tel créancier accepte qu’en cas de faillite, les dettes des autres créanciers (banques, employés, etc.) seront honorées avant la sienne. »

Quel rôle les banques jouent-elles encore aujourd’hui ?

M. V. : « Il est double. En premier lieu, la banque octroie du crédit pour les financements externes, alternatifs au financement à risque. Ce financement classique est en grande partie toujours assumé par les banques, surtout pour les petites entreprises. Ce rôle est essentiel pour le bon fonctionnement de l’économie et l’investissement dans l’avenir. Heureusement, cela se fait à des taux extrêmement bas et avec des taux d’acceptation au plus haut depuis 2007, c’est-à-dire avant la crise de 2008. En second lieu, les banques jouent un rôle de conseil de l’entreprise. Elles doivent être à l’écoute de l’entrepreneur, lui poser les bonnes questions, évaluer ses réponses sur la base d’une analyse critique et réfléchir avec lui au bon mix de financement, aux meilleures méthodes et instruments de financement. Les banques doivent agir pour s’assurer que l’entreprise peut se développer durablement. »