En quoi la révolution numérique bouscule-t-elle le métier des avocats ?
 

Stanislas van Wassenhove : Il y a quatre dimensions à cette révolution. La première est le Big Data, soit la gestion des données exploitées, notamment pour la gestion de la connaissance. Des outils développés actuellement permettront demain d’apporter une meilleure précision sur l’utilisation du droit et sur la réponse que peuvent en donner les tribunaux. La deuxième dimension est la transparence : de plus en plus, les consommateurs digitaux recherchent leur information au préalable et comparent les services. Les clients attendent aujourd’hui des réponses simples dans des délais rapides, avec un accès moins onéreux au conseil, une meilleure compréhension et un rôle à jouer dans la maîtrise de leur dossier.

 

Quelles sont les deux autres dimensions ?
 

S. v. W. : Le troisième aspect concerne la vitesse : l’accélération des échanges et des communications a généré une accélération des mouvements économiques et une hausse des attentes des clients. Pour accélérer le temps de réponse et diminuer les coûts, des outils d’automatisation de production, notamment de documents, ont été développés. La dernière dimension est la transversalité. L’avocat est un expert qui, jusqu’à présent, avait le monopole de la connaissance ; pour pouvoir répondre aux questions extrêmement complexes du droit, il avait tendance à se spécialiser de manière très pointue. Or, aujourd’hui, les problèmes deviennent plus transversaux. L’une des réponses à ceci est l’élaboration d’outils pouvant contribuer à la maîtrise de l’information. Une autre est de travailler avec d’autres professions pour donner des réponses plus globales.

 

Quelles sont les menaces et opportunités de cette révolution pour votre profession ?
 

S. v. W. : Pour le volet menaces, les avocats réagissent parfois avec une terrible incompréhension de ce qui se passe. Les changements sont souvent vécus sur le mode de la peur, celle de ne pas maîtriser les nouveaux outils. L’avocat est conscient que grâce à Google, les clients sont informés plus amplement — parfois mal ! — et sont dès lors plus exigeants en termes de transparence et de compréhension. Du côté des opportunités, le besoin de conseil en droit ne fait que croître. Les outils développés notamment par la legaltech vont aider l’avocat à se concentrer sur l’essence de sa mission — l’humain — et ainsi mieux répondre à la demande.

 

Ces outils sont-ils aujourd’hui suffisamment développés ?
 

S. v. W. : Nous ne sommes qu’au début de la démarche ! Il y a beaucoup d’initiatives, telles que des plateformes de référencement, d’automatisation de production de documents, de contrats intelligents ou encore de gestion de la connaissance. À terme, beaucoup d’acteurs à la base de ces initiatives disparaîtront en fonction des attentes des avocats et des clients. Dans ce cadre, la mission première d’Electrochoc Numérique est l’information de la profession et l’ouverture au débat. Ses autres objectifs sont, d’une part, de faire prendre conscience que la révolution numérique est aussi un changement de modèle de travail et, d’autre part, de faire remonter aux différents acteurs les demandes en termes de formation et d’accompagnement.