Julien Vandeleene
Fondateur de BePark

L’idée de BePark est venue à Julien Vandeleene, son fondateur, lors d’un voyage à l’étranger : « Dans le cadre de mes études, j’ai effectué en 2008 un séjour Erasmus au Canada. C’est là que j’ai découvert le concept de park sharing, qui consiste à rentabiliser les emplacements de parking privés sous-exploités. Cette initiative me paraissant particulièrement porteuse, j’ai pris le temps, dans les deux années qui ont suivi mon voyage, de l’étudier en réalisant une étude de marché et de faisabilité. Parallèlement, j’ai rencontré Grégoire de Streel, l’un des pionniers du paiement par GSM en Belgique, dont les connaissances en la matière m’ont été particulièrement précieuses. En juillet 2011, nous avons signé notre premier contrat de partenariat avec une chaîne de supermarchés pour un test pilote à Forest. »

Étape par étape
« Le test étant concluant, il me paraissait essentiel de créer une S.A. et d’acquérir ainsi une crédibilité légale indispensable pour travailler avec les grands groupes que nous ciblions. Grégoire de Streel est ainsi devenu président du C.A. et actionnaire avec son partenaire de longue date, Jean Zurstrassen. La première levée de fonds a eu lieu en septembre 2012 avec les actionnaires de départ, ainsi que Roland Vaxelaire et Maurice de Montjoye, pour arriver à un capital de 400 000 €. Dès ce moment, tout s’est accéléré : engagement de personnel et plusieurs récompenses raflées dans les mois qui ont suivi, telles qu’un prix à l’innovation et un prix de la jeune entreprise innovante de la Région bruxelloise. »

Mais gare à cette notoriété rapide : « Se retrouver très vite sous les feux des projecteurs peut parfois vous écarter de votre core business. Il faut rester concentré sur son modèle, sans brûler les étapes. Pourtant, notre produit n’était pas encore mâture en Belgique qu’il séduisait déjà des partenaires étrangers. Pas de quoi s’en plaindre évidemment, mais encore faut-il assurer la rentabilité. Il faut donc bien distinguer les entrepreneuriats de nécessité et d’opportunité, prendre le temps pour faire valider son idée, en tenant compte des réalités du macro-environnement. Ainsi, notre système repose sur l’utilisation du smartphone, mais tout le monde n’en possède pas ou ne pense pas forcément à s’en servir pour trouver une place de parking.

Notre premier business plan tablait sur 50 parkings fin 2016 ; nous sommes déjà à 100 début 2014 ! D’où l’importance de se remettre continuellement en question, bien s’entourer et ne pas être ébloui par ce qui se passe outre-Atlantique où la situation est bien différente. »

Trouver ses marques
Contrairement à une idée reçue, il ne faut surtout pas avoir peur de parler de son idée : « Plus on en parle, plus on sera confronté à des avis, à des gens qui ont un réseau de contacts, etc… De fil en aiguille, ces rencontres ont été cruciales pour trouver des partenaires financiers et des subsides régionaux. Il faut donc vraiment encourager les opportunités : la chance ne tombe pas du ciel, on la provoque ! Être entrepreneur, c’est partager : quand les gens se sentent concernés par une problématique bien précise, c’est la porte ouverte à une avancée. À condition de toujours bien rester à l’écoute. »

Encore faut-il trouver les bons collaborateurs et bien répartir les tâches : « Une startup doit fonctionner comme une grosse structure dès le départ, avec des rôles et des responsabilités, des processus, des objectifs, des indicateurs de performance. Au début, nous avions mal ciblé ces aspects : chacun était multitâches, tout le monde participait aux décisions, mais du coup, personne n’était réellement spécialisé. Nous avons donc mis en place des systèmes organisationnels et des outils de gestion de clients qui nous ont permis d’être plus cohérents. »

Des aides efficaces
Les aides aux jeunes entreprises s’avèrent essentielles : « Sans verser dans l’angélisme, la Région bruxelloise est très active en termes d’aides et de créations d’entreprises. Par exemple, Innoviris soutient et finance la politique de recherche et développement. Des initiatives gratuites existent aussi, telles que impulse.brussels (ex-Agence bruxelloise pour l’entreprise) ou le Réseau Entreprendre. La présence de coachs renommés pour nous épauler est une chance inouïe : cette mixité d’accompagnement fait qu’on se sent beaucoup moins seul pour franchir ce cap difficile des trois premières années. Ces structures permettent de trouver des relais de croissance pour continuer à avancer. »

Mener un projet à bien n’a donc rien d’une chimère : « La moyenne d’âge de notre équipe est très jeune. Et pourtant on arrive à trouver des partenaires, tant politiques qu’économiques, qui croient en notre projet : c’est la preuve qu’en étant crédibles et bien préparés, rien n’est impossible ! »