En moins de trois ans, la startup aura réussi à s’implanter dans plusieurs grandes villes européennes pour la livraison de repas à domicile. Avec un appétit toujours croissant.

 

D’où vous est venue l’idée de ce business ?

Adrien Roose – « Auparavant, je travaillais à Londres, où j’ai découvert le monde de la commande en ligne pour la livraison de repas. Mais cela concerne généralement des restaurants bas de gamme avec un service de livraison peu fiable. Revenu en Belgique, j’ai soumis l’idée de créer un service de qualité aux trois autres cofondateurs de Take Eat Easy. Nous avons ensuite été sélectionné par NEST'Up (Nurturing Entrepreneurship, Startups and Talents, ndlr), le premier incubateur de startups qui a vu le jour en Belgique (en 2012, ndlr). En janvier 2013, nous avons lancé la première version de notre service à Bruxelles. Au départ, nous n’assurions pas nous-mêmes la livraison ; c’est en parlant avec nos clients restaurateurs que nous avons constaté la réelle valeur ajoutée d’un tel service sur le marché. Le concept a donc évolué depuis sa création. »

 

Quid des investissements nécessaires ?

Karim Slaoui – « Au départ, nous avons investi des fonds personnels. Ensuite, nous avons fait appel à des proches, disposés à mettre des fonds pour la phase de lancement. Nous avons ainsi levé quelque 200 000 euros via une dette convertible. Puis, nous avons encore levé de nouveaux fonds - en dettes convertibles également - à concurrence de 300 000 et 175 000 euros, respectivement 6 et 12 mois plus tard. »

 

Avez-vous bénéficié d’aides publiques ?

K.S. – « Nous avons pris toutes les aides que nous pouvions : une aide à la recherche de la Région bruxelloise, ainsi que des aides à la consultance, à la création de supports audiovisuels, etc. Si tous ces soutiens sont nettement insuffisants pour démarrer une activité comme la nôtre, c’est toujours mieux que rien. »

 

A quelle difficulté majeure avez-vous été confronté ?

K.S. – « Le marché bruxellois est extrêmement compliqué pour le service que nous avons développé. En effet, notre offre de restaurants vient essentiellement du centre de Bruxelles - Bruxelles-Ville et Ixelles -, tandis que les commandes de clients arrivent de zones décentrées comme Woluwe ou Uccle. »

 

Comment avez-vous géré votre expansion à d’autres villes européennes ?

A.R. – « Il y a six mois, nous avons lancé notre concept à Paris. Cela fonctionne très bien car la distribution géographique des restaurants et la densité de la population sont beaucoup plus uniformes qu’à Bruxelles. Nous préparons actuellement l’élargissement de nos activités, à l’été prochain, à Berlin, Londres et Madrid. Après avoir récemment levé 6 millions d’euros de capital supplémentaires, nous mettons à présent en place les équipes dans les différentes villes. Le choix de ces trois villes s’est fait sur la base d’une dizaine de critères objectifs, comme le pouvoir d‘achat relativement élevé, la pénétration de l’e-commerce, la densité géographique des restaurants et la répartition géographique de la population. Pour la suite, nous avons déjà ouvert des dizaines de chantiers de travail en vue de nous implanter encre ailleurs. »

 

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent lancer une startup ?

K.S. – « Il faut être patient et ne pas se laisser décourager : la réussite d’un projet prend plusieurs années et il faut se donner à 200 %. Se lancer une start-up à côté d’un autre job est utopique. Il faut aussi voir grand en termes géographiques et ne pas se borner à sa seule région. »