Pour que la reprise ou la cession s’effectue sereinement, certaines mesures sont mises en place par le gouvernement. Explications avec Willy Borsus, Ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture et de l’Intégration sociale.

Quelle est votre vision du processus de transmission d’entreprise, dimension essentielle du secteur dont vous êtes en charge ? 

Willy Borsus : « J ’aborde personnellement la transmission d’entreprise comme une création d’entreprises à part entière. La différence : la société reprise est souvent plus viable que lorsque l’on part de zéro. Selon les études de l’UCM et de l’Unizo, 66,5 % des chefs d’entreprises ont démarré leur activité via la création d’une nouvelle affaire et le tiers restant via la reprise d’une affaire existante. Il s’agit donc d’un potentiel immense d’entreprises souvent florissantes qui vont arriver sur le marché. »

« En outre, environ 42  % des chefs d’entreprises aujourd’hui ont plus de 50 ans : cela constitue donc un réel défi pour l’avenir, car dans les 10 prochaines années, la question de la transmission va se poser pour tous ceux-ci. Il est donc possible d’anticiper.   Il faut travailler sur deux plans  : sensibiliser les chefs d’entreprises, mais également les candidats repreneurs potentiels. »

Environ 42  % des chefs d’entreprises aujourd’hui ont plus de 50 ans : cela constitue donc un réel défi pour l’avenir

Quelles sont les mesures prises par le gouvernement en matière de transmission ou de cession d’entreprises ?

W. B. : « Précisons d’emblée que la matière est largement régionalisée. Nous ne pouvons donc agir que dans les limites des compétences fédérales. Notre gouvernement a décidé de placer l’entrepreneuariat au premier rang de ses priorités, c’est pourquoi nous travaillons sur de nombreux aspects de l’entrepreneuriat, comme la revalorisation du statut social des indépendants. Il faut éviter que des repreneurs potentiels renoncent à reprendre une entreprise par crainte d’un statut social défavorable. Le statut social des travailleurs indépendants doit garantir une couverture sociale digne, forte et cohérente.   Ce statut a déjà été fortement amélioré ces dernières années  : le mode de calcul des cotisations a été adapté pour mieux coller à la réalité économique des indépendants, les petits risques ont été intégrés dans l’assurance obligatoire « soins de santé ». Depuis un an, nous avons également baissé les cotisations patronales et sociales, développé des outils de financement alternatif, pris des mesures en faveur des indépendants prodiguant des soins à leurs proches, etc. »

« Un autre élément à soutenir pour favoriser les transmissions est le financement des entreprises. C’est pourquoi nous sommes en train d’évaluer la relation entre les banques et les entreprises, vu l’importance des problèmes de crédits et de financement des entreprises. Un accent sera mis également sur la formation financière des starters et des PME, et donc par -là, des repreneurs. »

Quelles sont, d’après vous, les tendances générales, à court et à long terme, en matière de transmission d’entreprises ? 

W. B. : « Les difficultés rencontrées et pointées par les cédants sont la détermination de la valeur de l’entreprise et le fait de trouver un repreneur. C’est pourquoi je pense qu’il faut développer encore davantage l’accompagnement. Les autorités compétentes doivent s’impliquer plus pour réellement être aux côtés des chefs d’entreprise, mais aussi des   candidats repreneurs dans le processus de transmission. »

Quel pourrait être l’impact du Tax Shift sur les employeurs et sur le processus de transmission d’entreprises ? 

W. B. : « Tout d’abord, la réduction des charges patronales de 33 à 25  %, décidée lors du Tax Shift, va apporter de l’oxygène aux entreprises et à l’activité économique. Nous nous inscrivons résolument, avec cette décision et après le saut d’index, dans une démarche de restauration de la compétitivité de nos entreprises.   »

« Ensuite, la réduction du taux des cotisations sociales des indépendants de 22 à 20,5  % est positive puisqu’elle va augmenter le pouvoir d’achat des entrepreneurs. De même, les mesures «  zéro cotisation sociale patronale à vie sur le premier travailleur engagé dans les 5 prochaines années  », «  réduction des cotisations sociales pour lesdu 2 au 6e travailleurs  » et l’augmentation des déductions pour investissements professionnels à 8 % vont aussi contribuer à rendre l’environnement et les finances des PME et des indépendants plus favorables. Il en va de même pour les nouvelles déductions fiscales pour investissement dans le numérique et les systèmes de paiement portés à 13,5 %. Toutes ces mesures devraient motiver les candidats repreneurs  : ce n’est plus une gageure de se lancer comme acteur économique. Et notez qu’en cas de reprise d’une entreprise, les réductions de cotisations pour les travailleurs continuent à s’appliquer. »