Yves Szmir et d’Ariane Winckelmans , HumanCap

Dans votre carrière, avez-vous vécu chacun cette expérience de la transmission ?

Ariane Winckelmans : « Effectivement, c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons fondé cette entreprise. Au total, tous les deux, nous avons fondé six sociétés et nous en avons revendu trois. A l’époque, on s’était fait assister par des avocats, des fiscalistes. En ce qui me concerne, je me suis également fait aider par un professionnel en ressources humaines. Je pense que cette intervention était un complément indispensable à la réussite de la transaction. Depuis huit ans, je travaille dans les ressources humaines et je me suis abondamment formée sur le sujet. J’ai appris les méthodologies et la posture à adopter pour accompagner les hommes et les équipes dans les transtions professionnelles. Avec Yves, nous avons décidé de travailler sur cette problématique particulière. »

Yves Szmir : « L’expérience nous a montré qu’il était indispensable de se faire bien accompagner au niveau humain, en plus des aspects juridiques et financiers, que l’on soit cédant ou acquéreur. »

Quelles sont les principales préoccupations de ces dirigeants ?

Y. S. : « Les préoccupations des cédants et acquéreurs sont à 80 % les mêmes. Il s’agit de prendre les bonnes décisions, de vendre ou d’acheter au juste prix, de bien négocie et de se préparer au mieux pour éviter les mauvaises surprises. »

Quelles sont les difficultés plus particulières liées à l’humain ?

A.W. : « Dans un processus d’acquisition comme de cession, il y a énormément de peurs, d’angoisses, de moments de doute. Ces émotions et ces hésitations doivent être gérées de manière efficace pour que les transactions aboutissent. »

Y. S. : « Ce qui nous a motivés, indépendamment de nos expériences communes, c’est l’enthousiasme des entrepreneurs que nous côtoyons régulièrement. Ils sont tous confrontés un jour ou l’autre à la transmission d’entreprise. Il faut savoir qu’entre 60 et 70 % des transactions de cessions/acquisitions sont des échecs et que ceux-ci sont imputables, dans 80 % des cas, à la mauvaise intégration du facteur humain. Cela nous affecte profondément de constater qu’autant d’entreprises et d’emplois sont perdus par manque de préparation et d’anticipation. Cette prise de conscience nous a amenés à collaborer avec le Beci et à contacter la Sowaccess pour sensibiliser les différents acteurs à la nécessité d’intégrer les ‘richesses humaines’ dans les processus de cession et acquisition.»

Concrètement, que faites-vous pour mettre le cédant et le repreneur sur la bonne voie ?

A.W. : « Pour le cédant, il s’agit de l’aider à se rendre dispensable, de faire en sorte que, lorsqu’il transmet son entreprise, ses équipes soient suffisamment autonomes et responsables pour pouvoir poursuivre le projet sans l’ancien dirigeant. Beaucoup d’entreprises cédées avec un dirigeant le nez dans le guidon ne sont pas pérennes car celui-ci n’a pas pris de recul suffisant pour que la transaction soit un succès. Quant à l’acquéreur, il faut l’aider à réussir les cent premiers jours de son intégration. Se faire accepter par les équipes en place, intégrer la culture d’entreprise, élaborer le nouveau projet avec toutes les parties prenantes et communiquer de manière appropriée.»

Y. S. : « Nous proposons, entre autres, de vérifier l’adéquation entre les anciens et les nouveaux dirigeants, tant au niveau des valeurs, des attentes, de la culture que des compétences et des personnalités. »

Le cédant a-t-il un rôle à jouer dans la réussite de la reprise de son entreprise?

A.W. : « Evidemment, nous intervenons aussi pour gérer cette relation entre le cédant et l’acquéreur. Cette période de transition est cruciale. Les deux dirigeants doivent apprendre à transmettre les compétences, partager les responsabilités, définir les priorités sans que cela ne génère de conflits. »

Y. S. : « Nous les aidons tout au long du processus à réfléchir sur les aspects déterminants et à prendre les bonnes décisions. Souvent, les choses sont faites dans la précipitation ! Nous les accompagnons dans ces réflexions, en essayant de clarifier les projets, de lever les résistances, d’évaluer les risques et d’avancer dans la direction souhaitée. Dans sa vie de tous les jours, un dirigeant prend sans cesse des décisions. Dans ce genre de transactions, il est beaucoup plus difficile pour lui d’oser et de décider. C’est un sujet très sensible et très impliquant sur le plan personnel et émotionnel.»

Comment aidez-vous le cessionnaire à vivre son nouveau projet de vie ?

A.W. : « Avant la cession, nous le faisons réfléchir sur son futur projet de vie. Nous savons, en effet, que le départ peut être douloureux en ce sens qu’il s’accompagne parfois d’une perte de statut et du ‘blues du cessionnaire’. »

Y. S. : « Des personnes ont mis des années à développer leur entreprise. Alors qu’elles devraient être pleines d’entrain avant leur départ, certaines sont perdues et ont besoin de nouveaux repères quand elles quittent l’entreprise. On les aide à garder le cap. Notre conviction est qu’il est beaucoup plus facile d’aborder sa nouvelle vie, qu’elle soit privée ou professionnelle, quand on y est bien préparé. »

Pour plus d'informations: http://human-cap.com