Les initiatives déjà prises par le politique sont insuffisantes. Le défi économique et humain est colossal. Point de vue avec Philippe Godfroid, Président UCM.

En Wallonie, plus de quatre indépendants sur dix ont plus de 50 ans. Le vieillissement est moins perceptible à Bruxelles, mais le constat est le même  : il y a de plus en plus de cédants et trop peu de repreneurs. Pourtant, une transmission réussie ne fait que des gagnants. Le repreneur gagne du temps  : il se trouve à la tête d’une PME qui a déjà sa clientèle, son savoir-faire, ses collaborateurs. Le cédant évite de voir le travail de toute sa vie partir à vau-l’eau. Pour les salariés, non seulement l’entreprise continue son activité, mais une reprise est souvent l’occasion d’un redémarrage. Un nouveau patron a de nouvelles idées, des projets, un dynamisme intact. Soutenir la transmission, c’est soutenir aussi la croissance des PME.

Il faut du temps...

Pourquoi la transmission est-elle si compliquée ? Le manque de candidats repreneurs n’explique pas tout. Pour un chef de PME, passer la main est un processus long et difficile. Long  : il faut compter environ trois ans pour que les choses se passent bien et beaucoup s’y prennent trop tard. Difficile  : il faut déterminer la valeur de l’entreprise, trouver un amateur, réaliser une convention de cession et faire face aux aspects psychologiques du passage de témoin. Réussir sa retraite est souvent très ardu pour un chef d’entreprise. Il a construit un bateau, l’a mis à flot et a tenu la barre. Le confier à quelqu’un d’autre et le regarder s’éloigner est un choc qui se prépare.

Outils publics

Les Régions ont pris conscience de l’importance du défi. Les droits de succession et de donation sur les PME, sous certaines conditions, ont été réduits à 3  % à Bruxelles et 0  % en Wallonie. BruTrade sert de plateforme dans la capitale pour mettre en contact cédants et repreneurs. Au sud du pays, la Sowaccess propose une banque de données qui couvre la Belgique, la France et les Pays-Bas. Elle a aussi créé, avec la collaboration de l’UCM, un outil destiné aux plus petites entreprises, dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 500. 000  €. Cette plateforme, « "Affaires à suivre »", aenregistre des premiers résultats encourageants.

Quelles améliorations apporter...

Pour une TPE, il est difficile de s’offrir le soutien de spécialistes en transmission, qui légitimement pratiquent des tarifs assez élevés. De plus, de nombreux chefs de PME s’engagent trop tard dans le processus. L’UCM demande aux pouvoirs publics de sensibiliser à la transmission d’entreprise, et de ainsi que des mesures pour réduire les coûts. Des initiatives oavaiennt été prises. Il faut poursuivre...

Au terme d’une enquête et d’une table ronde, nous avons établi une liste de recommandations. Nous préconisons une promotion de la reprise dans les programmes de promotion de l’entrepreneuriat, des tables de référence et des conseils gratuits pour évaluer la valeur de son entreprise, une simplification des procédures, etc. Quand l’entreprise emploie des salariés, une réduction des charges patronales pendant trois ans permettrait de faciliter la transition.

Nous avons besoin de davantage de PME en Wallonie et à Bruxelles. En créer est nécessaire, mais commençons par garder celles qui existent et qui tournent bien. Et mettons pour cela les moyens nécessaires, financiers et surtout humains.